Étude de cas en pathologie clinique : Blastomycose chez un chien
Informations contextuelles
Age : | 2 ans |
Sexe : | mâle |
Espèce : | canin |
Race : | mixed |
Amammése : | léthargique avec une toux persistante |
Signes cliniques
- La toux persistante qui était sèche à l’origine est devenue humide et productive au cours des 3 derniers jours.
- À la radiographie thoracique, on remarqua un léger modèle interstitiel pulmonaire diffus, ainsi qu’un lobe pulmonaire caudal gauche sévèrement consolidé.
L’image provient d’un échantillon cytologique prélevé par aspiration du lobe consolidé
Description cytologique et interprétation
L’échantillon est très cellulaire et démontre un mélange de neutrophiles non-dégénérés et de macrophages épithélioïdes. On observe également de nombreuses larges levures basophiliques arrondies mesurant 12-15um. Leur paroi est mince et elles sont souvent retrouvées en paires.
Interprétation : Inflammation pyogranulomateuse et levures compatibles avec Blastomyces dermatitidis (blastomycose)
Discussion
La blastomycose (Blastomyces dermatitidis) est une infection fongique systémique acquise au contact de sol contaminé. Elle est surtout retrouvée dans les vallées fluviales de l’est des États-Unis et du Canada. L’infection s’établit d’abord dans les poumons pour ensuite se disséminer à travers l’organisme. La peau, les yeux et les noeuds lymphatiques sont les sites de dissémination les plus fréquents chez le chien, mais tous les tissus peuvent être atteints. Bien que la maladie soit surtout diagnostiquée chez les chiens, elle a aussi été rapportée chez les chats et chez d’autres espèces animales.
L’identification des levures dans des préparations cytologiques de nodules cutanées ou de noeuds lymphatiques est une méthode de diagnostic rapide et fiable. Cependant, les organismes n’y sont pas toujours présents. Les lavages broncho-alvéolaires (LBA) peuvent aussi permettre un diagnostic, mais ils sont moins fiables : on n’observe les micro-organismes que dans 40% des cas d’infection respiratoire confirmés.
Les autres options diagnostiques incluent le test antigénique sur l’urine (test quantitatif, non-invasif et sensible) et le PCR (méthode sensible si l’échantillon contient le micro-organisme). La sérologie est souvent peu utile dans le diagnostic de la blastomycose, puisqu’elle est peu sensible. La culture fongique n’est pas recommandée, puisque la forme cultivée de Blastomyces est zoonotique et parce que la plupart des laboratoires vétérinaires n’ont pas les certifications appropriées pour manipuler ce pathogène.
Le traitement de la blastomycose est principalement basé sur l’administration d’antifongiques azolés. Il s’agit souvent d’un long protocole de traitement qui peut durer plusieurs mois. Le pronostic est variable et dépend de la sévérité de l’infection initiale, ainsi que des tissus affectés.
À propos de l'auteur
Julie Webb DVM, DACVP
Dre Webb est originaire d’Ottawa, Ontario et a obtenu son diplôme de docteur en médecine vétérinaire de l’Ontario Veterinary College en 2003. Elle a exercé dans la région d’Ottawa pendant 2 ans avant d’effectuer une résidence en pathologie clinique à l’University of Georgia. Diplômée de l’ACVP en 2008, elle et a travaillé comme enseignante clinique à l’University of Wisconsin-Madison de 2008 à 2015. Elle s’est jointe à IDEXX en février 2015.
Durant ses heures libres, Dre Webb aime passer du temps avec ses chiens et rester active en faisant du cyclisme et de la natation, ainsi qu’en jouant au hockey et au soccer.
Si vous avez des questions concernant ce cas ou vous souhaitez discuter du diagnostic, n’hésitez pas de communiquer avec l'auteur .
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Références :
- Legendre, AM. Blastomycosis. In: Infectious Disease of the Dog and Cat, 3rd ed., 2006, p. 569-576
- Spector D, et al. Antigen and antibody testing for the diagnosis of blastomycosis in dogs. J Vet Intern Med 2008;22:839–843.
- Hawkins EC, DeNicola DB. Cytologic analysis of tracheal wash specimens and bronchoalveolar lavage fluid in the diagnosis of mycotic infections in dogs. J Am Vet Med Assoc. 1990 Jul 1;197(1):79-83.
Tous les cas ont été suscités par des soumissions aux pathologistes d’IDEXX Canada à leur laboratoire régional.
Dans le but de protéger la confidentialité de nos clients et de leurs patients, les informations contextuelles de nos études sont légèrement modifiées.